Qu'est ce qu'une approche féministe ?
La psychologie est aussi une affaire politique.
Alors que 85% des psychologues sont des femmes et qu'une grande majorité des adultes consultant un.e psychologue sont aussi des femmes, la plupart des approches en santé mentale et en médecine ont été pensées par les hommes depuis leur position, le masculin faisant faussement le "neutre".
Pourtant, il est bien des problématiques spécifiques aux femmes et aux personnes minorisées qu'on oublie de situer dans leur contexte sociétal dans les thérapies classiques.
Mon féminisme est intersectionnel. Partant du principe que l'intime est politique, il tient compte des différentes oppressions pouvant être cumulées par une personne et qui vont nécessairement impacter son vécu et sa santé mentale.
Il est par exemple différent dans le monde dans lequel nous vivons de subir le sexisme en tant que personne blanche, mince, cis, hétérosexuelle et valide qu'en tant que personne transgenre, asexuelle et neuroatypique, ou que racisée, grosse et lesbienne.
Plus les oppressions se croisent, plus les risques de vivre des discriminations et des violences, puis développer de l'anxiété, une dépression, une faible estime de soi, des traumatismes, etc. seront élevées et des réponses logiques au monde dans lequel nous vivons.
Sans pour autant minimiser ces troubles psychiques, avoir un regard plus large permet en premier lieu de déculpabiliser les femmes et personnes minorisées qui vivent ces difficultés, sans les pathologiser.
Les apports de la thérapie féministe : Déconstruire pour mieux se reconstruire.
En complément des approches psychologiques plus classiques, il va s'agir d'introduire les théories féministes dans la lecture des difficultés ammenées au cabinet par des patient.e.s.
Cela va permettre de questionner la manière dont nous avons construit notre rapport au monde et à nous même en replaçant les injonctions (à la maternité, à la minceur, à prendre soi des autres avant soi, au couple, à la productivité...) dans une perspective plus ample que l'histoire personnelle .
La thérapie féministe permet d'accompagner des personnes dans cette déconstruction en questionnant tout ce qui a jusque là été intériorisé comme naturel ou normal mais génère souvent souffrances et épuisement face à des modes de vies qui ne correspondent pas aux réels besoins individuels.
On peut prendre en exemple la charge mentale portée en grande majorité par les femmes dans les couples hétérosexuels et banalisée sous prétexte qu'elles seraient naturellement mieux organisées ou plus enclines à "prendre soin", or ce n'est qu'une construction sociale.
Dès l'enfance nous sommes de toutes parts soumis.e.s à un schéma narratif et visuel qui fait du couple, de l'amour romantique puis de la construction d'une famille, la principale clé du bonheur, quitte à sacrifier beaucoup de nos besoins et envies pour maintenir ce statut social si valorisé.
La hérarchisation des relations ne fait pas partie de mon approche, et je ne manquerai pas de rappeler ô combien les amitiés peuvent parfois être de précieuses ressources qu'on a tendance à mettre de coté tant elles sont peu représentées et valorisées.
Le rapport au corps et toutes les injonctions qui pèsent sur l'apparence des femmes peuvent également être abordées en thérapie. Les représentations de la minceur comme gage de bonheur, de santé et de désirabilité est trop souvent source d'une faible estime de soi, de beaucoup de dévalorisations voire de troubles des conduites alimentaires. Les personnes grosses ont pour beaucoup une appréhension à consulter des médecins ou des psychologues par peur d'être ramenées à leur apparence sans avoir sollicité ces remarques souvent grossophobes. Je m'engage évidemment à ne jamais aborder ce sujet si ce n'en est pas un pour mes patient.e.s.
Un accueil inconditionnel de la parole des victimes
La thérapie féministe est également un espace dans lequel peuvent être abordées les violences sexistes et sexuelles, conjugales et intrafamiliales.
Pour rappel, les violences conjugales peuvent être physiques, mais aussi psychologiques, verbales, sexuelles, économiques. Elles peuvent concerner toutes les âges et toutes les classes sociales.
Militante contre celles-ci, j'ai bien en tête qu'une femme sur 10 est victime de ces violences conjugales au cours de sa vie et que trois enfants par classe sont victimes d'inceste, entre autres chiffres tout aussi révoltants.
Je ne remettrai jamais en question la parole des victimes amenées à me consulter et les accueillerai autant que possible avec toute ma bienveillance pour parler de ces sujets et les accompagner/orienter si besoin pour en sortir et se reconstruire pas à pas.
Et les hommes alors ?
La thérapie féministe peut également bénéficier aux hommes désirant déconstruire les injonctions à la virilité, la difficulté à exprimer et être ajustés à leurs émotions, souvent trop négligées voire étouffées dès l'enfance.
Elle permet également de se diriger vers d'autres modèles de masculinité ou de paternité en prenant conscience de ses privilèges. Un comportement moins dominant et oppressif pour des rapports plus égalitaires et doux, voilà qui est favorable pour les relations et le bien-être de toustes.
